L’aide fédérale aux entreprises est prolongée à nouveau

Le début de la vaccination de masse a beau présager des jours meilleurs pour l’économie canadienne, le gouvernement fédéral prolonge à nouveau trois de ses mesures d’aide aux entreprises, reconnaissant que le déconfinement complet n’est pas pour demain.Et Justin Trudeau en a profité pour défendre sa stratégie d’investir pour relancer l’économie par un plaidoyer électoral.
« Il y a de la lumière au bout du tunnel, mais nous ne pouvons pas dire de façon définitive que nous avons tourné la page. Cela veut dire que les mesures de confinement de la santé publique et l’aide [gouvernementale] qui les soutient doivent demeurer [en place] pour les Canadiens là où et quand ils en ont besoin », a fait valoir mercredi la vice-première ministre et ministre des Finances, Chrystia Freeland.
Ainsi, la Subvention salariale d’urgence et l’aide au loyer commercial seront prolongées au taux actuel jusqu’au début du mois de juin. Le fédéral avait déjà promis que ces aides seraient prolongées de la mi-mars au mois de juin. Le gouvernement Trudeau est venu préciser mercredi qu’elles le seront aux niveaux actuels, et non pas à des taux réduits.
La Subvention salariale continuera donc d’offrir de couvrir jusqu’à 75 % des salaires d’employés d’entreprises. La Subvention d’urgence du Canada pour le loyer offrira quant à elle d’éponger jusqu’à 65 % des frais de loyer. Le fédéral avait ajouté l’an dernier une indemnité de confinement supplémentaire de 25 % pour aider à payer le loyer d’entreprises contraintes de demeurer fermées en raison du confinement dans certaines régions. Cette troisième mesure sera elle aussi prolongée, du 14 mars au 5 juin.
Une nouvelle bien accueillie
La ministre Freeland a affirmé que le coût de ces douze semaines supplémentaires aux trois programmes avait déjà été budgété dans les prévisions financières de sa mise à jour économique de novembre dernier.
Le programme de subvention salariale devait coûter 83,5 milliards de dollars d’ici au 13 mars 2021. Son prolongement devrait ajouter 13,9 milliards à la facture. Quant à l’aide au loyer commercial, elle devait coûter 4,4 milliards d’ici au 13 mars. Son prolongement jusqu’en juin entraînerait des dépenses de 2,1 milliards pour Ottawa.
La facture finale dépendra toutefois de la popularité de ces trois mesures auprès des entreprises, a noté Mme Freeland. La Subvention salariale a coûté pour l’instant moins cher que prévu, puisque la facture se chiffrait à 66,7 milliards en date du 21 février (soit 16,8 milliards de moins que la somme budgétée d’ici au 13 mars). L’aide au loyer et l’indemnité de confinement n’avaient de leur côté coûté que 1,6 milliard à l’État (sur les 4,4 milliards budgétés d’ici la mi-mars).
La Chambre de commerce du Canada (CCC) et la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) se sont toutes deux réjouies de voir Ottawa offrir une certaine certitude à leurs membres, qui peinent toujours à composer avec la pandémie. « Il sera maintenant important de s’assurer que ces programmes ne soient pas abolis trop rapidement pour les entreprises des secteurs les plus durement touchés et qui mettront plus de temps à se remettre », a prévenu Alla Drigola, de la CCC, en réclamant que l’aide fédérale soit à nouveau prolongée au-delà de juin pour les secteurs du tourisme, de la restauration et de l’événementiel, par exemple.
Place au débat électoral
Le premier ministre Justin Trudeau a adopté un ton plus politique, pour promettre d’aider plus longtemps les travailleurs et les entreprises, que lors de ses discours des derniers mois. « Ce n’est pas le moment de réduire l’aide aux travailleurs ou aux propriétaires d’entreprise. C’est le moment de soutenir les gens pour traverser ce qui est, espérons-le, la dernière ligne droite de cette crise. Et il est temps de permettre à toute l’économie de revenir en force », a déclaré M. Trudeau lors de sa conférence de presse.
Alors que les rumeurs d’élections printanières continuent de circuler à Ottawa, le premier ministre libéral a noté qu’il y a « de grandes différences de perspectives parmi les différents partis politiques par rapport à comment on devrait relancer l’économie ».
Plusieurs s’attendent à ce que le premier ministre réclame, le moment venu, un nouveau mandat pour relancer l’économie à coups d’investissements importants. « Le choix que nous avons fait en tant que gouvernement d’aider les plus vulnérables massivement, de comprendre [qu’il fallait offrir] plus d’aide à ceux qui en ont vraiment besoin, ce n’est pas un argument moral. C’est un argument pour créer une économie plus forte », a justement argué M. Trudeau, en ajoutant du même souffle que « les conservateurs ne sont pas d’accord avec cette approche et [que] ce sera à eux de [défendre] cet argument ».
M. Trudeau a affirmé ces dernières semaines que, tout comme les partis d’opposition, il ne souhaitait pas d’élections fédérales. Par contre, il a refusé de s’engager à ne pas en déclencher lui-même si les partis d’opposition continuent d’appuyer son gouvernement.
Si l’horizon précis de ces éventuelles élections fédérales demeure inconnu, le premier ministre s’est toutefois permis de dire mercredi que tout ce débat sur la relance économique en sera un« extrêmement important, dans lequel, [il l’]espère, tous les Canadiens seront impliqués au cours des prochains mois, au cours de l’année qui vient ».
